Utiliser le CBD contre la Sclérose en Plaques

De nombreuses études ont été menées sur les usages thérapeutiques du cannabis depuis les années 60. Des instituts tels que l’Académie Nationale de Sciences, d’Ingénierie et de Médecine des États-Unis ou encore le Centre de recherche sur la douleur de Jérusalem ont démontré les vertus des molécules du cannabis (CBD, THC) dans un cadre médicinal. Si l’on en croit une recherche parue en 2012, le CBD pourrait notamment soulager les douleurs liées à la sclérose en plaques.

La sclérose en plaques : une maladie répandue

La sclérose en plaques ou « SEP » est une maladie auto-immune, c’est-à-dire une maladie inflammatoire chronique due à un dysfonctionnement du système immunitaire. Ce dysfonctionnement mène à la destruction de la myéline (l’enveloppe protectrice des neurones du système nerveux central). La sclérose en plaques est une maladie dégénérative de l’encéphale et de la moelle épinière.

Selon l’Inserm, elle touche environ une personne sur 1000 et près de 80 000 français, dont une majorité de femmes. Pour avoir un ordre d’idée de l’étendue de cette maladie, on peut souligner qu’elle est la première cause de handicap sévère et non-traumatique chez les jeunes adultes. Elle provoque de nombreux symptômes, comme par exemple : des troubles cognitifs, des difficultés motrices, des problèmes sensoriels, une fatigue persistante ou encore des douleurs chroniques.

Ces dernières touchent environ une personne sur deux et sont le plus souvent invalidantes. En effet, la fréquence, la variété des douleurs (sensation d’étau, de brûlure, de sciatique, de gêne à l’œil, etc) ainsi que leur violence, peuvent créer chez le malade des troubles de l’humeur et empêcher la pratique de certaines activités. C’est contre ce dernier symptôme, particulièrement handicapant, que le CBD pourrait lutter.  

Comment le CBD agit-il contre la sclérose en plaques ?

Le CBD est une molécule qui appartient au groupe des cannabinoïdes, un ensemble de substances chimiques qui agissent sur le système endocannabinoïde. Ce dernier est un système biologique constitué d’un réseau de récepteurs qui s’activent au contact des substances cannabinoïdes. Par conséquent, à chaque fois que le corps humain est mis en contact avec une de ces molécules, des effets spécifiques se produisent. Ce système de communication physiologique est composé de deux récepteurs membranaires :

  • Les récepteurs CB1, qui se trouvent principalement dans le système nerveux central et qui sont avant tout activés par le THC.
  • Les récepteurs CB2 localisés au niveau du système immunitaire. Ce sont ces derniers qui réagissent au CBD. Lors de l’activation de ces récepteurs, le cerveau libère de la sérotonine, un neurotransmetteur qui procure notamment un effet de bien-être et libère des endorphines (opioïdes endogènes). Suite à la prise de cannabidiol, le corps humain produit aussi de l’anandamide, qui a un effet analgésique et anti-addictif. Enfin, il active les récepteurs d’adénosine, qui ont des propriétés anti-inflammatoires. 

Ainsi, les composants actifs du CBD se déposent à la surface des cellules nerveuses et agissent sur leurs récepteurs. En plus des vertus précédemment citées, ce phénomène en possède bien d’autres : comme par exemple des propriétés antispasmodiques, anxiolytiques, neuroprotectrices et anticonvulsives. Par conséquent, le cannabidiol procurerait une sensation d’apaisement, il faciliterait la relaxation musculaire, soulagerait l’anxiété et favoriserait l’endormissement. La sclérose en plaques étant particulièrement handicapante à cause des douleurs chroniques qu’elle provoque (souvent liées à des contractions musculaires), le CBD semble être une piste intéressante pour améliorer la qualité de vie de certains malades.

Le CBD : un espoir pour les patients ?

Il existe plusieurs traitements pour lutter contre la SEP. On peut les diviser en deux catégories principales : les traitements des poussées et les traitements de fond. Ces derniers sont très diversifiés mais la plupart engendrent des effets secondaires qui renforcent les symptômes de la sclérose en plaques. Par exemple, les corticoïdes sont souvent prescrits pour réduire la durée d’une poussée et faciliter la récupération. Ils peuvent notamment engendrer des insomnies ou des fluctuations de l’humeur. Certains traitements immunomodulateurs peuvent, quant à eux, causer de l’anxiété, des maux de têtes, etc. Comme nous venons de l’expliquer plus haut, tous ces désagréments peuvent être soulagés par les bienfaits du CBD.

Différents médicaments existent pour soigner les symptômes de la maladie. Cependant ils comportent de nombreux effets indésirables : nausée, prise de poids, danger pour le foie, éruption cutanée, brûlures d’estomac, etc. De plus, les douleurs causées par la sclérose en plaques sont neuropathiques, c’est-à-dire qu’elles sont engendrées par une lésion du système nerveux. Ces dernières sont souvent difficiles à calmer avec des anti-douleurs classiques (comme le paracétamol ou la morphine) et plusieurs patients ne sont réceptifs à aucun de ces médicaments.

Pour toutes ces raisons, le cannabidiol intéresse les chercheurs qui travaillent à soulager les patients atteints de la SEP. C’est dans ce cadre que la Faculté de médecine de l’Université de Caroline du Sud a réalisé une étude sur le sujet. Les résultats révèlent que le CBD a atténué les signes cliniques, mais aussi retardé le début de la maladie. Ainsi, en plus d’être une alternative envisageable aux anti-douleurs, antispasmodiques et anti-dépresseurs, le cannabidiol pourrait aussi contribuer à ralentir le développement de la maladie. Les recherches sur le sujet s’avèrent encourageantes et le cannabidiol est de plus en plus envisagé comme un moyen de soigner certains patients non-réceptifs aux traitements classiques.

Néanmoins, il est important de souligner que le CBD n’est pas un médicament, bien que sa molécule commence progressivement à être utilisée comme principe actif dans certains analgésiques (comme le Sativex). Ainsi, si le CBD n’est pas encore considéré comme un soin pris en charge par l’assurance maladie ou une mutuelle, il pourrait s’avérer être une option très intéressante pour certains malades de la SEP.

Sources

Zajicek, J.P., Apostu, V.I. Role of Cannabinoids in Multiple SclerosisCNS Drugs 25, 187–201 (2011). https://doi.org/10.2165/11539000-000000000-00000

Jones É, Vlachou S. A Critical Review of the Role of the Cannabinoid Compounds Δ9-Tetrahydrocannabinol (Δ9-THC) and Cannabidiol (CBD) and their Combination in Multiple Sclerosis Treatment. Molecules. 2020 Oct 25;25(21):4930. doi: 10.3390/molecules25214930. PMID: 33113776; PMCID: PMC7663366.

L’utilisation du cannabis en sclérose en plaques – Fondation Charcot